Les oeuvres d’Ugo Schiavi sont des épreuves de force, et il considère lui-même son atelier comme un champ de bataille. La lutte qu’il engage avec les matériaux porte toujours une force symbolique des combats qu’il représente. Ses oeuvres – installations et sculptures – s’articulent sur des fragments que l’artiste prélève dans une monde d’images. Il est souvent dit que nous vivons dans une nouvelle civilisation de l’image, tant elle semble omniprésente dans nos sociétés occidentales digitalisées. Nous ne devrions pas nous tromper, l’image est un objet ; la civilisation que nous vivons est celle très ancienne de l’objet dont l’image est l’une de ses formes. Il y a quelque chose d’iconoclaste dans la façon dont Ugo Schiavi traite les images. La sculpture, si elle est une image qui refuse de se soumettre à la platitude alors l’artiste, lui, s’engage physiquement. Ses oeuvres sont les résultantes des ces transformations parfois brutales. Son rapport à la statuaire est presque archéologique : de la figuration haute-définition de ses récentes sculptures par empreintes subsiste l’accident et la ruine. Là est le trouble certain que provoquent la lecture de ses oeuvres : l’immédiat sentiment d’un crash entre l’antique et l’actuel.

Sylvain Couzinet-Jacques