Rougier
Atelier : Ateliers de la Ville
19 Boulevard Boisson
Fr-13004 Marseille
BIOGRAPHIE
Après des études aux arts décoratifs de Genève puis à l’école d’art d’Aix-en-Provence, Karine Rougier développe une pratique du dessin, de peinture à l’huile sur bois et fabrique des sculptures amazones.
Son travail s’inspire de ses voyages, de ses balades sous marines en méditerranée et de son désir à croire au merveilleux.
Elle grandit dans en Côte d’Ivoire est se trouve très tôt fascinée par les rituels de magie, l’envoutement des corps, les animaux sauvages …
Elle participe à de nombreuses expositions en France et à l’étranger (Buenos Aires, Rome, New York).
Représentée aujourd’hui par la galerie Dukan (Paris/Leipzig) et collabore avec la galerie Martin Kudlek (Cologne).
—
Née en 1982 à Malte
vit et travaille à Marseille
www.documentdartistes.org/rougier
Dans le travail récent de Karine Rougier : des baisers et corps enlacés, des Vierges à l’enfant réinventées, des célébrations costumées, des rondes enflammées, des mains en train d’œuvrer. Autant de rituels de l’amour qui révèlent un lien charnel, une communion bienveillante, un flux reliant les êtres entre eux et avec la nature. Même dimension physique lorsque la dessinatrice s’abandonne à la peinture, avec ses huiles sur bois. Plongeant dans la matière, comme elle plonge dans la mer, s’inspirant du milieu sous-marin, l’artiste joue des textures, des strates, des dilutions, créant des fonds abstraits où réel et rêve, faune et flore, astres et pierres lévitent, suspendus au cœur du temps. Amérique du Sud, Afrique ou Asie : l’œuvre de Karine Rougier porte l’empreinte des voyages, des mythes et rites sacrés. De son travail émane une fragilité, une vibration imperceptible, tels ces dérisoires supports récupérés ou la finesse des minuscules détails. Mais s’en dégage aussi une force magique, une énergie mystérieuse qui réenchante le réel. Moins roman que poème, moins narration que musique, fait d’associations libres, d’images fragmentés, d’ellipses et d’apnées, l’art de Karine est un souffle qui fait vibrer les cordes de notre fond tribal et bat la mesure de la danse du vivant.
Amélie Adamo
A l’heure où la Biennale de Venise 2013 est inaugurée sous les auspices du Palais Encyclopédique de Massimiliano Gioni, exposition mêlant art contemporain et art singulier, héritiers prématurément célébrés de l’Académie artistique contre créateurs possédés à la reconnaissance aussi tardive qu’aléatoire, il paraît judicieux de voir dans le travail de Karine Rougier la synthèse possible de deux modes d’apparition de l’art a priori antagonistes. Les surréalistes auront été les premiers à incorporer dans leur pratique officielle les mécanismes issus de l’art dit « brut » : représentation de personnages, paysages inspirés des contes et traditions populaires, formes issues de l’artisanat, techniques simples (dessin, peinture), supports pauvres ou trouvés, écriture automatique s’incarnant dans la répétition obsessionnelle du motif ouvrant la porte d’un inconscient de plus en plus dénié par le rationalisme positiviste ayant prévalu au sein des avant-gardes de leur époque. Karine Rougier semble se réclamer ouvertement de cette hybridité féconde. Elle a créé au fil des ans un vocabulaire formel expressionniste laissant la part belle à l’érotisme, au rêve, à l’enfance et au monstrueux, personnages baroques parcourant d’un trait arachnéen des architectures impossibles, isolés ou au contraire ramassés en grappes compactes le plus souvent (sa marque de fabrique) au sein de formats grand aigle où le blanc du papier fait écho aux possibles sans cesse renouvelés de la psyché humaine. Ses nombreux collectionneurs ne s’y sont pas trompés : et ils savourent de son vivant une œuvre méprisant les coquetteries conceptuelles pour exprimer avec honnêteté les vicissitudes de nos vies mystérieuses et dérisoires.
Dorothée Dupuis, mai 2013