Les peintures fluides et colorées de Fiona Mackay conjuguent un lexique visuel de motifs denses, de matières organiques, de corps et d’animaux se mouvant souvent de façon incertaine entre abstraction et figuration, au sein de séries qui évoquent des mots, phrases et expressions du quotidien.

Les peintures sur papier présentées dans sa récente exposition « Dreams » présentée dans la galerie berlinoise, Klemm’s, explorent un spectre de registres visuels, allant de motifs de bouteilles, de briques, de crânes et de fourmis clairement perceptibles à des parties du corps qui se transforment en feuilles et champs chromatiques saturés. Ces images hétérogènes perturbent délibérément les attentes du spectateur et aussi de l’artiste en matière de peinture, contredisant ou esquivant totalement toute signification fixe pour interroger plutôt des styles esthétiques dénigrés, et embrasser ou déformer les notions de cliché, de mauvais goût ou encore de naïveté. Les peintures de Fiona Mackay sont peut-être perçues avec plus de justesse comme des critiques conscientes de la forme, qui expérimentent avec facétie le marquage gestuel et le jeu de mots pour créer des glissements entre ses titres issus du langage familier et les images qu’elles sont censées décrire.

Cette approche donne aux œuvres de l’artiste une qualité performative, elles articulent des émotions ou des idées abstraites avec immédiateté et nourrit ainsi sa régulière collaboration avec Manuela Gernedel, consœur peintre et céramiste. Depuis 2017, les deux artistes coproduisent des peintures in situ. Elles travaillent avec rapidité et choisissent des matériaux peu coûteux et de provenance locale pour réaliser des fresques spontanées dans des espaces d’exposition et des magasins inoccupés un peu partout en Europe.

Fiona Mackay a récemment débuté une pratique de peinture sur papier, un support humble et léger, avec lequel elle souhaite « montrer le potentiel de magicienne présent chez une artiste », manipulant ce matériau quotidien pour atteindre le « point zéro » d’une idée et transformer sa peinture en « une expérience sensuelle, tactile, voluptueuse et émotionnelle ».

Amy Budd