Teotski
Atelier : Ateliers de la Ville
1 place de Lorette
Fr-13002 Marseille
BIOGRAPHIE
Au départ, le parcours d’Elvia Teotski ne la destinait pas à la pratique de l’art. Son cursus s’est d’abord inscrit dans le champ scientifique et, plus précisément, dans le domaine de l’agronomie. Outre les apports d’une telle formation au plan méthodologique et expérimental, cette initiation a ainsi constitué le terreau d’une démarche fondée sur l’appréciation «culturelle» de phénomènes «naturels».
Diplômée des Beaux Arts de Toulon, Elvia poursuit actuellement ses recherches artistiques dans les ateliers de la Ville de Marseille. Sélectionnée pour la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de Méditerranée d’Ancona (Italie) en 2013, son travail a été présenté à l’Espace d’Art Concret de Mouans-Sartoux et au Château de Servières à Marseille en 2014 et, plus récemment, au Musée d’Art de Toulon pour l’exposition collective UptoDate.
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Née en 1983 à Toulouse
vit et travaille à Marseille
Une cosmologie entropique
Elvia Teotski fouille la matériologie organique. Les substances qu’elle travaille — le sucre, le papier azyme, l’agar-agar, la gélatine — oscillent entre le vivant de leur origine et une apparence synthétique. Ce sont des matières dont on tire, industriellement, des utilisations culinaires, et que tout un chacun a absorbées un jour. Parce qu’elles sont organiques, elles sont particulièrement sensibles aux changements atmosphériques, ce qui leur confère à la fois une certaine plasticité (on peut les mouler, les sculpter) et une fragilité extrême dans les cas où les conditions de température et d’hygrométrie deviennent incertaines. En cela, ces matières ont un rapport à la fois formel et conceptuel avec notre corps.
Issue d’os, la gélatine ressemble à de petites grilles de matière plastique transparente que l’artiste dresse, entre autres, en ballons brillants devenant cassants ou s’affaissant. L’agar-agar est un gélifiant végétal tiré d’une algue. Largement employé dans les desserts, il se présente en poudre qui gélifie à 40° et se dissout dans l’eau à 85°. Autrement dit, cette substance se métamorphose chimiquement dans un registre atmosphérique étroit. Dans l’installation Hauteurs limitées, par exemple, la matière a été chauffée, moulée en « tomes », les plus hautes possibles jusqu’au vacillement, dénonçant ainsi avec humour les limites physiques de l’ambition dominatrice. Ces tomes, déterminant leur aura spatiale en séchant, captent des bactéries qui les convertissent en cultures microbiennes, et forment bientôt une cosmogonie excrémentielle. Elles s’installent dans une entropie (notre avenir?) perceptible à l’œil nu, dans un retour aux bactéries et à la minéralité.
Sylvie Coëllier