Atelier :
19 boulevard Boisson
Fr-13004 Marseille
BIOGRAPHIE
Caroline Mesquita est diplômée de l’École des Beaux-Arts de Paris en 2013. Elle explore la vitalité et la complexité des comportements de groupe dans la plupart de ses installations sculpturales et vidéos. En 2017, elle obtient le 19e Prix de la Fondation d’entreprise Ricard.
Son travail a été présenté dans diverses expositions, notamment : “Voici des fleurs”, La Loge (Bruxelles, 2018) ; “Cosmologic Arrow”, Bonniers Konsthall (Stockholm, 2019) et “Futur, Ancien, Fugitif”, Palais de Tokyo (Paris, 2019).
Parmi ses expositions personnelles récentes : “Night Engines”, Centre Pompidou (Paris, 2018) ; “Astray”, Kunsthalle Lissabon (2018), Galeria Municipal (Porto, 2019), “In Vivo”, PIVÔ (Sao Paulo, 2020). Son travail fera l’objet d’une exposition personnelle au centre d’art Passerelle à Brest en septembre 2020.
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Née en 1989 à Brest.
Dur, opaque, froid, malléable, et potentiellement coupant – le métal, matière de prédilection de Caroline Mesquita, est travaillé par l’artiste au corps à corps. Elle tord, enroule, use de ses mains, jambes ou hanches comme points d’appui afin de souder, de créer des ouvertures et donner forme.
Parmi les assemblages de laiton, de cuivre, d’inox ou d’acier qui en résultent, on compte une série d’engins volants, une autre d’engins roulants, et tout un cortège de personnages figés dans une action : des véliplanchistes, des paresseux rampants ou , un couple royal, les rescapés d’un crash d’avion,…
C’est dans ses vidéos stop-motion, deuxième volet de la production de Mesquita, que les feuilles de métal devenues volumes sont pour certaines mises en mouvement. Cette continuité entre les médiums résulte en une inversion des rôles, dans laquelle artiste et acteurs sont dépourvus de tout pouvoir d’agir. Éventuellement, un œil s’ouvre, une jambe bouge légèrement, mais la chaire reste molle et plus rien dans leurs corps ne semble érectible. Les personnages de métal, au contraire, s’agitent, mués par une attraction impulsive pour ces humains inanimés ou endormis. Leurs mouvements sont saccadés, le métal coupe ou transforme, le sang coule, et la peau se teinte de couleurs brillantes et plastiques.
Ces scènes en huis clos tournées en plans serrés ne laissent interagir rien d’autre que sculptures et acteurs. Le dur y entre au contact du mou, le froid à celui du chaud, l’inorganique y rencontre l’organique,… Autant de dualismes qui surgissent comme par mauvais réflexe lorsque l’on détaille le travail de Caroline Mesquita, et qui pourraient se révéler être de faux-semblants.
Cela ne se joue pas seulement au niveau des matières, mais également à celui des registres invoqués. Dans le corpus d’œuvres produites, l’austérité peut être amenée à côtoyer le grotesque, qui empêche, ailleurs, l’érotisme latent de s’installer. Les références modernistes (auxquelles ces conceptions dualistes ne sont d’ailleurs pas étrangères) cohabitent avec une esthétique pop de série B. Et si d’autres influences – cyberpunk, CAMP, voir afro-futuristes – paraissent traverser films et sculptures, l’affiliation avec un mouvement ou un genre existant reste partielle.
Peut-être faut il donc justement voir dans le travail de Mesquita la création de mondes où les rapports inter-espèces sont possibles, et où les mécanismes d’opposition et de classifications hiérarchiques sont inopérants. Finesse et brutalité ne s’y excluent pas, les rapports de force s’y muent en plaisir et les scènes de catastrophe y apparaissent finalement comme joyeuses.
Aurélia Defrance