Turion
Atelier : Ateliers de la Ville
1 place de Lorette
Fr-13002 Marseille
BIOGRAPHIE
Anne-Sophie Turion a initialement été formée à la scénographie à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Son travail a été présenté en France et à l’étranger : au Centre d’Art de la Ferme du Buisson (Noisiel), au CentQuatre (Paris), au Centre d’Art de la Villa Arson (Nice), à Centrale Fies (Dro, Italie), au Media Arts Center (Vancouver, Canada), à la Friche la belle de mai (Marseille), à Glassbox (Paris), entre autres. Depuis 2010, elle a effectué plusieurs résidences; notamment à la Villa Arson (Nice), à la Ménagerie de verre (Paris), au Vivat-scène conventionnée Danse & Théâtres (Armentières), au CentQuatre (Paris), à la Cité Internationale des Arts (Paris), à Centrale Fies (Italie), à Astérides (Marseille), à Montévidéo (Marseille).
—
Née en 1985
vit et travaille à Marseille
www.annesophieturion.com
ォ Ici, le 9 août 2016, a stationné pendant quelques minutes une Honda rouge. Par les fenêtres ouvertes, on entendait Born to be wiiiiild サ. Cet étrange récit fait partie des trente énoncés anecdotiques qu’Anne-Sophie Turion a substitués à ceux des plaques commémoratives d’un village touristique canadien un été 2016. Une série d’événements mémoriels intempestifs emblématiques des stratégies menées par l’artiste.
Une ォ orchestration du réel サ, comme elle le définit, qui met en jeu des oeuvres performatives faites d’objets, de gestes, de paroles, de situations qui, une fois distribuées et implantées dans le quotidien, produisent de multiples décalages de réalités. Des réalités augmentées, en quelque sorte, qui se substituent ou se superposent à la cohérence des situations ordinaires de notre quotidien. Des oeuvres qui produisent un trouble poétique, alimentent les conversations et les représentations des témoins, volontaires ou non, et, surtout, se gardent de les guider vers une interprétation univoque.
Alain Berland
Le noir se fait, trois coups retentissent, le rideau se lève ; le public consent alors à suspendre toute incrédulité. Le jeu commence. Lumière, son et délimitation de l’espace fixent la représentation que nous avons de la réalité. Mais que se passe-t-il derrière les coulisses ? Si l’on faisait sauter les cadres, si l’on révélait la machinerie, si l’on exposait la poupe, est-ce que notre ingénuité s’écroulerait aussi sec ? Le travail d’Anne-Sophie Turion s’installe précisément dans l’équilibre fragile qui, dans toute entreprise fictionnelle, maintient notre croyance juste assez pour qu’elle ne sombre dans le scepticisme.
À la fois dedans et dehors, ses œuvres brouillent le réel, fictionnalisent l’espace pratiqué – pour mieux le penser[1]. Sise entre les cadres, Anne-Sophie Turion retourne les coulisses pour en faire la scène, monte le décor en direct dans un jeu de dupes et se loge de la sorte à la lisière entre réel et artificiel. Écartelant les parenthèses, son travail s’offre telle une recherche de divertissement critique, une ode à la culture populaire et à la catharsis, comme un exercice du doute gonflé à l’humour.
[1] « Le réel doit être fictionné pour être pensé. » Jacques Rancière, Le partage du sensible, esthétique et politique, La Fabrique éditions, Mayenne, 2006, p. 61.
Anne Sophie Turion – Retourner les coulisses – texte de Sophie Lapalu