Les œuvres de Basile Ghosn sont des Frankensteins. L’artiste utilise la photocopie ou la sérigraphie, outils de reproductions sériels caractéristiques de la culture underground et DIY, pour composer des villes mentales à l’aide de magazines spécialisés glanés lors de ses recherches. Les images sont alors agrandies, découpées pour créer ces paysages urbains démembrés, cités cicatrisées par des bouts de scotch. Ces compositions s’inspirent non seulement d’un modernisme dont il questionne la nature hégémonique en le démembrant, mais se nourrissent aussi de design, de musique et de littérature, ce qui apparaît généralement dans le titre de ses œuvres et séries.

 

Ce travail de démembrement, de recomposition et d’anonymisation est proche du sample. Il déjoue, comme en musique, avec la reprise les poncifs que seraient “la peinture abstraite” ou “le modernisme” en y réintroduisant du sensible – s’intéressant au moment où les éléments entrent dans et se trouvent avalés par la production de masse et la culture populaire.
L’économie de moyen ainsi que la fragilité des collages et dessins est contrebalancée par l’utilisation de matériaux comme le verre et le plexi coloré – comme les technological reliquaries de Paul Thek – dans un geste de protection de ces projections mentales, mais aussi pour créer des surfaces réfléchissantes.