Détournant et annihilant volontiers l’usage de billets de banque pour en soustraire les pigments, Paul Chochois transforme avec ingéniosité les éléments de son porte-monnaie en une palette de couleurs diaphanes obtenue grâce à un protocole développé à partir de décapant de carrossier. Ordinairement utilisé pour ôter une couche picturale plutôt que d’en créer une nouvelle, ce matériau anti-peinture intervient dans son travail comme une base à partir de laquelle il réalise aussi bien des sérigraphies que le revêtement de ses sculptures.

 

Empreintes de dualisme, les œuvres de Paul Chochois portent en elles des logiques de renversement non dénuées d’ironie où des opposés à priori inconciliables finissent par se rencontrer et s’accorder. Dans des dynamiques déviant toute intuition nourrie à l’égard des matériaux et de ce qui est représenté, la finalité des objets et des médiums se trouve bouleversée par le retournement et l’inversion des valeurs, à l’instar des billets et des devantures de banque dont les considérations financières laissent place à des problématiques picturales.

 

Les prélèvements d’une couleur effectués par le contact avec une matière abrasive emplie de pigments agissent comme des détournements où les transferts viennent altérer et détourner la signification des images représentées et aux réalités chargées d’affects. D’une contrainte initialement économique due aux conditions d’autoproduction, les réflexions de Paul Chochois sur la peinture l’ont conduit à mettre en place un protocole aux mises en abyme et aux dissonances fécondes visant à générer de la matière à partir de la soustraction, lui permettant ainsi, dans un jeu de contrastes, de créer à partir d’un matériau supposé faire disparaître toute trace de peinture.

 

Camille Ramanana Rahary